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My Texas

Journaliste française au Texas depuis septembre 2011, je partage ici mes réflexions sur ce grand Etat, ainsi que mes revues de presse et de web via mes comptes Facebook et Twitter – Cécile Fandos

Ebola : l'hôpital de Dallas n'a pas vraiment reconnu d'erreur

Photo : LA Times.
Photo : LA Times.

Autant je trouve les questions de santé publique importantes au Texas (du refus de l'Etat d'étendre le dispositif d'assurance médicale des plus pauvres Medicaid aux restrictions d'accès à l'IVG et donc à la contraception régulièrement votées par la législature texane en passant par le rejet de la vaccination par certaines communautés évangélistes par exemple), autant je ne m'attendais pas à utiliser le hashtag (ou "mot-dièse" comme il faut dire en français) #Ebola sur ce blog.
Mais il y a eu tellement de réactions au diagnostic d'un Libérien mardi à Dallas, qu'#Ebola est largement en tête de ma revue de presse quotidienne sur Twitter (et de tous les sujets actuellement discutés sur Twitter au Texas d'ailleurs...).
Et maintenant qu'un nouveau malade ayant voyagé au Nigéria et présentant les symptômes d'Ebola a été hospitalisé à Washington DC, l'emballement médiatique devrait continuer de plus belle.

Une épidémie d'Ebola aux Etats-Unis semble pourtant hautement improbable.
L'hôpital de Dallas ayant reçu le malade nigérian ne l'a pas immédiatement diagnostiqué. Ses proches n'ont pas tout à fait respecté l'interdiction de sortir de leur appartement. L'appartement du malade n'a pas immédiatement été vidé des serviettes et draps utilisés par le malade alors qu'il était devenu contagieux. Un des cinq enfants ayant été en contact avec le malade s'est rendu à son école mercredi alors qu'on lui avait demandé de rester chez lui. En dressant cette liste, je me suis dit que ça faisait un peu beaucoup.
Mais la réaction des autorités a également été forte. Maximale en fait.
L'hôpital a corrigé son système de dossiers médicaux pour immédiatement faire apparaître tout voyage dans un pays touché par l'épidémie d'Ebola (même si je ne suis pas sûre que ça aurait changé quelque chose dans le diagnostic du malade de Dallas). Des policiers ont été placés devant l'appartement des proches du malade pour les empêcher d'en sortir et le comté a finalement trouvé une société prête à venir retirer le linge de maison potentiellement porteur du virus. Et la santé d'une centaine de personnes va être surveillée de près pendant trois semaines pour s'assurer qu'il ne développent pas Ebola.

Je crois qu'on est bien protégés et que le problème rencontré au Texas est plutôt que le malade ayant ramené le virus du Libéria a visiblement menti aux autorités aéroportuaires du Libéria en affirmant n'avoir été en contact avec aucun malade d'Ebola avant de voyager aux Etats-Unis, puis affirmé n'avoir pas de vomissements ni de diarrhées lors de sa première admission aux urgences alors qu'une proche du malade a affirmé le contraire sur CNN.
Je suis un peu surprise que l'AFP ait écrit que "l'hôpital a admis avoir fait une erreur en renvoyant le patient chez lui après être une première fois passé aux urgences". Ce n'est pas ce que je comprends en lisant l'article de la correspondante du Los Angeles Times au Texas rendant compte de la même conférence de presse. Si j'en crois le communiqué du Texas Presbytarian hospital, en faisant apparaître les voyages dans les pays touchés par l'épidémie d'Ebola, l'établissement espère "améliorer l'identification précoce des patients pouvant être porteur de maladies contagieuses, dont Ebola". Je trouve donc qu'il est loin d'admettre une erreur de diagnostic et qu'il faudrait que certains médias fassent plus attention aux formules qu'ils choisissent pour parler d'Ebola.

Car ce qui semble clair à la lecture des reportages réalisés ces jours-ci à Dallas, c'est que les gens ont une peur irrationnelle de contracter Ebola et que la communauté africaine au Texas en pâtit. Et je ne veux pas préjuger de la réactions des habitants de Washington, mais je crains que la réaction des résidents de la capitale envers ses membres d'origine africaine ne soit guère plus charitable que celles des Texans, même si certains des membres de cette communauté ont des proches au Guinée, au Libéria, au Nigéria, au Sénégal ou en Sierra Leone malades ou morts d'Ebola. D'après ce que j'ai lu en ligne, le Los Angeles Times (encore lui !) et la National Public Radio ont abordé cet aspect du problème. Mais force est de constater que les médias s'en emparent assez peu, alors que ces réactions devraient les inciter à redoubler leurs efforts de mise en perspective.

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